Saint-Servais


Chée de Haecht, 309
1030 Schaerbeek
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VIE DE SAINT SERVAIS


Saint Servais a réellement vécu au 4eme siècle après J.C.


Si sa vie fut écrite au Moyen- Age dans un style de légende, il y a, par ailleurs, des traces historiques sûres attestant qu’il fut évêque dans la «ville des Tongres», premier diocèse d’un territoire bien plus vaste que l’actuelle Belgique, mais encore très peu peuplé, sauf dans cette ville fortifiée.
En fait, il faut plutôt penser qu’il séjourna un temps à Tongres mais il fut forcé de partir devant l’opposition des habitants à sa vie jugée trop rigoriste.
Car Hériger (moine de l’abbaye de Lobbes, écrivant au 10e siècle) fait de St Servais le 10e évêque de Tongres et donne une liste pour le moins fantaisiste de noms, sauf celui de St Materne qu’il présente comme le premier évêque de Tongres, alors que la signature de Materne figure au bas d’un texte officiel du concile d’Arles (314) mais comme évêque de Cologne.
Cela semble plus plausible, car ce territoire, allant du Rhin jusqu’à la mer du Nord,  étalé sur la France et la Hollande fait alors partie de la Germanie seconde dans l’empire romain. Il appartenait à l'époque au diocèse de Cologne. Après la mort de Materne, Tongres reçut aussi son évêque.

Servais fonda ensuite le premier diocèse de Hollande en s’établissant à Maastricht où il fut le premier évêque. Il y mourut et sa tombe est toujours dans la basilique St Servais.

De ses origines, on ne sait strictement rien, sinon qu’il venait probablement d’Orient.

La légende : Voulant combler ce vide, on a voulu faire le lien avec le Christ et la foi :
On a fait de Servais un membre de la famille du Christ. Il serait le fils d’une sœur d’Elisabeth (mère de Jean- Baptiste) et cousine de Marie de Nazareth. Pourtant, on le fait naître en Arménie !
C’est Dieu qui, par une vision, lui ordonna d’aller à Tongres. Un ange l’aurait accompagné durant tout le voyage. A Tongres, il devient évêque en recevant les attributs épiscopaux laissés sur l’autel depuis 7 ans, le siège étant vacant depuis la mort du prédécesseur.
St Servais fit construire une église dédiée à Notre Dame de Tongres. Entendant parler des invasions des barbares qui se rapprochaient, St Servais fit, à pied, le pèlerinage de Rome, sur la tombe de St Pierre, premier pasteur de l’Eglise et de la foi.
Et là, St Pierre, en songe, lui annonça la destruction prochaine de Tongres, à cause de son incroyance et des ses péchés. Et, lui, Servais devait partir s’établir à Maastricht. St Pierre lui aurait remis une clef, descendue directement du ciel. Il lui donnait ainsi pouvoir de pardonner les péchés.

 A l’époque (Moyen Age) :
La conception de l'histoire à cette époque nous fait sourire, mais n’oublions pas qu’elle n’a rien à voir avec la nôtre. Illustrer les hauts faits des rois et empereurs en recourant à des récits merveilleux ou terrifiants, est coutumier depuis l’Antiquité. Le but n’est pas la vérité historique précise, mais de valoriser les vertus des grands personnages, leurs origines impressionnantes et leur puissance, auprès d’une population, quasi dans sa totalité, incapable de lire. Les écrits sont très rares et très chers. De plus, peu de moyens de vérification sont disponibles.

Trois récits de légende existent:
Grégoire de Tours ( 6e siècle) : dans son «Historia Francorum».
Repris dans la «gesta Sancti Servatii» (vers 1126)
Hendrik van Veldeke (vers 1170- 90), poète des Pays- Bas, dans «De Servatiuslegende».

Il ne s’agit donc pas de mentir au peuple, mais de l’encourager par des exemples (des héros de la foi –des saints - ou de chevalerie).D’autre part, ces récits merveilleux servaient aussi de catéchèse sur la confiance en Dieu et la victoire de la foi.

Ainsi, pour celui dont on raconte la vie, être de la famille du Christ assure immédiatement un crédit tout particulier auprès des gens. Ce qu’il dira sur la foi sera présenté comme vraiment juste. Et venir d’Arménie est tout aussi valorisant car c’est, en effet, le premier pays à avoir été officiellement chrétien. Le reste mêle le merveilleux et les réalités existantes et connues à l’époque de l’auteur du récit :par exemple évêchés ; prise de Tongres par les Francs saliens; victoire du christianisme qui est devenu, peu à peu, la religion des rois et des empereurs, surtout depuis la conversion de Clovis, roi des Francs ; les mérovingiens ; les carolingiens (Charlemagne) et dans le saint empire romain germanique.
Ces souverains chrétiens auront soin d’affirmer par ces récits, leur vénération aux grands saints évangélisateurs (culte des saints et vénération des reliques).

La Réalité :

C’est sa défense de la doctrine fidèle de la foi de l’Eglise qui fait la grandeur et la renommée, de Saint Servais, dès cette époque en proie aux hérésies :

Les premières citations certaines de son nom (Servais (Serbatios, en grec) apparaissent lors de conciles : celui de Sardica (actuelle Sofia) en 343. On ignore s’il y participait, mais c’est possible.
De façon certaine, sa signature figure (la 7eme) sur la liste des 282 évêques favorables à Athanase, et que celui-ci transcrivit, en 346, dans son «Apologie contre les Ariens».

Mais resituons d’abord le contexte historique et ensuite dans l’Eglise :

Historique :

En 312, Constantin (Occident) arrive au pouvoir à Rome avec Licinius (Orient). Constantin prône la tolérance au contraire de Licinius. Victoire de Constantin au pont Milvius, il adopte la religion chrétienne qui devient la religion de l’empereur. Cela met un terme aux persécutions - édit de Milan (313).
Constantin veut utiliser la nouvelle religion pour favoriser l’unité de l’empire. Il voudra donc également se mêler des controverses théologiques qui surgissent et compromettent cette unité.

Dans l’Eglise, Arius et l’arianisme :
Dans l’Eglise née en Orient, Alexandrie a une très grande réputation à cette époque.
Il y a un prêtre, Arius, habile prédicateur, mais qui enseigne que Jésus- Christ n’est pas Dieu, car, pour lui, Jésus est une créature particulière, différente des humains, mais n’a pas la pleine nature divine comme Dieu le Père. Il connaît un succès grandissant, même auprès de nombreux évêques.
Un autre évêque adepte des idées d’Arius, Eusèbe de Nicomédie, propose alors à l’ l’empereur Constantin de trancher la question. Constantin convoque donc le premier Concile de l’histoire, à Nicée en 325. Durant les débats du Concile, un jeune prêtre se fait remarquer : Athanase.
Intelligent, convaincu et avec clarté, il prend la défense de la vérité de foi contre l’hérésie d’Arius.
Le symbole des Apôtres confirme la foi de l’Eglise en la divinité réelle de Jésus. Arius est mis en exil.
Son propre patriarche, Alexandre, le désavoue, mais il meurt peu après.
Arius qui espérait être évêque, voit Athanase devenir évêque d’Alexandrie.

Eusèbe parvient à obtenir de Constantin le retour d’Arius. Athanase refuse qu’Arius soit repris dans le clergé. Mais l’évêque de Constantinople, devenu arien lui aussi, persuade encore Constantin. Arius est porté en triomphe, mais il meurt soudain, en pleine liesse populaire. Si l’hérétique est mort, ses partisans sont toujours là, et c’est Athanase qui se trouve banni (335), alors qu’il est l’évêque d’Alexandrie et le champion de la vraie foi. Il séjournera à Trèves, ce qui est attesté.

Après la mort de Constantin, en 337, il peut revenir. Ses adversaires ne désarmèrent pas et, en 339,
il est banni pour la 3ème fois, au synode d’Antioche.
Constant (empereur d’Occident) est catholique et Constance (empereur d’Orient) est favorable à l’arianisme. Cela entraîna un deuxième Concile : celui de Sardica (343).
Malgré une vive opposition des ariens, le credo de Nicée fut confirmé. Athanase fut absout et rétabli sur le siège épiscopal d’Alexandrie.

En 350, une conspiration militaire éclat. L’assassinat de l’empereur Constant porte sur le trône, Magnence qui impose sa dictature. Dès 351, l’usurpateur est lui-même battu et se suicide en 353.
Plus tard, Athanase dans son « Apologie à l’empereur Constance» (où il doit se défendre de l’accusation d’avoir excité son frère contre lui et d’avoir pactisé avec Magnence) prend à témoin de cette calomnie, les ambassadeurs que Magnence lui avait envoyé. L’un d’eux était Serbatios.
Cette ambassade eut lieu en 351, mais l’empereur Constance (arien) n’y donna pas suite favorable.

Enfin, St Servais reparaît pour la dernière fois au concile de Rimini (359). Athanase, poursuivi pour ce même chef d’accusation par ses adversaires ariens, fut mis en exil pour la 3e fois.
Ils veulent faire condamner l’expression de foi «consubstantiel au Père» (Jésus est de la même nature divine que le Père). L’empereur Constance demande qu’on adopte la formule « le Fils est semblable au Père qui l’a engendré, selon les Ecritures». Cette formule n’est pas hérétique, mais est trop vague et insuffisante.

300 évêques refusèrent la formule, contre à peine 80 pour l’accepter.
Mais, envoyés auprès de l’empereur beaucoup d’évêques finirent par signer la formule.
Le délégué de l’empereur retint prisonniers les évêques jusqu’à ce qu’ils signent tous pour pourvoir rentrer chez eux (ou qu’il n’en reste que 15). Les récalcitrants seraient privés de leur évêché et envoyés en exil. A leur retour, les évêques restés fidèles, dont Servais, refusèrent de communier avec les traîtres à la foi.

Un des évêques fit, plus tard la relation exacte de ce concile et on a conservé ce document.
Plus le nombre d’évêques acceptant de signer augmentait, plus Servais se démenait ainsi que Phébadius, d’Agen. Cela dura sept mois.
Deux évêques ariens proposèrent pour pouvoir en terminer que les opposants à la nouvelle formule y apportent leur explication. Servais et Phébadius condamnèrent encore Arius et y déclaraient «le Fils semblable au Père, sans commencement ni fin».
C’est alors qu’un évêque arien, Valens, ajouta «que le Fils n’était pas une créature comme les autres». Epuisé par tant de mois de lutte, Servais ne vit pas tout de suite le piège. La formule présentée au concile était arienne, mais les explications étaient catholiques, sauf l’ajour de Valens.
Il pensa pouvoir signer.
Puis une assemblée d’évêques ariens à Constantinople rendit la formule obligatoire.

Parmi tous les évêques de la Gaule réunis à Rimini, attachés à la juste doctrine nicéenne et à St Athanase, Servais fut un des chefs. Il défendit avec énergie la doctrine de l’égalité complète du Fils avec le Père. La ruse de Valens a cependant réussi. En pensant avoir sauvé la formule de Nicée, Servais avait tout de même abandonné le terme (omoousios, en grec) ( de même nature) :le seul terme vraiment adéquat pour exprimer pleinement le foi catholique sur le Fils dans sa divinité.

On ne sait rien de précis sur la fin de vie de St Servais, ni sur sa mort.
Il rentra à Tongres et assez vite, partit s’installer à Maastricht. Il n’y vivra plus longtemps.
C’est bien plus tard, qu’on fixa la date de sa mort le 13 mai 384.

On sait qu’il fut enterré à Maastricht, près d’une voie romaine, selon la tradition de l’époque.
Une petite chapelle fut érigée sur la tombe. Vers 560, St Monulphe en fit bâtir une plus grande au même endroit. Elle fut détruite par les invasions normandes.
Elle sera reconstruite, toujours sur la tombe de St Servais, comme grande basilique de pèlerinage et consacrée sous le règne de l’empereur Henri III (1039- 1056).
Son tombeau est toujours dans la crypte à Maastricht.
Le 14 mai 1985, le pape Jean- Paul II y vint lors d’un de ses voyages et consacra le lieu comme basilique.

  

 
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